C’est une journée libre et nous retournons à La Valette par nos propres moyens car hier, nous n’avons pas vu la Co-Cathédrale St Jean. Nous prenons le premier bus où les gens s’entassent et nous sommes debout pendant un bon quart d’heure pendant que le
bus complet fonce et ignore les arrêts puis nous pouvons nous asseoir. Les villes traversées ne sont guère attrayantes…
Au bout d’une heure nous arrivons à la Fontaine des Tritons et nous marchons vers la cathédrale : après une demi- heure de queue, nous entrons enfin… Si la façade est assez austère, l’intérieur est très riche… La façade plutôt massive est encadrée de deux tours-clochers. L’austérité de la construction rappelle l’architecture de style militaire affectionnée par l’Ordre juste après le Grand siège de 1565.
La façade et les tours sont rythmées verticalement et horizontalement par des pilastres et des corniches. Au-dessus de la façade à deux registres s’élève un fronton triangulaire. Le portail flanqué de colonnes est surmonté d’un balcon d’où le Grand maître nouvellement élu pouvait s’adresser à la population.
Elle fut édifiée entre 1573 et 1577 par les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem sous la houlette de l’architecte Cassar et décorée par Mattia Preti de 1662 à 1667. Mais pourquoi co-cathédrale ? Et bien tout simplement parce qu’elle partage son titre de cathédrale avec Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mdina.
Les tapisseries représentent le Triomphe de l’Eucharistie et des scènes de la vie du Christ. Les dessins des tapisseries sur l’Eucharistie étaient basés sur des caricatures réalisées par l’artiste flamand Peter Paul Rubens qu’il avait initialement réalisées pour l’infante Isabelle d’Espagne.
Le sol, tout de marbre, est complètement formé de cénotaphes, où sont représentés 405 chevaliers2 de l’Ordre de St Jean de Jérusalem.
Il y a aussi une crypte qui renferme les tombes de grands maîtres, dont Philippe de Villiers de l’Isle-Adam, Jean de Valette, Claude de La Sengle et Alof de Vignacourt.
L’église fut continuellement embellie, grâce aux contributions de Grands Maîtres, de Chevaliers et de dignitaires étrangers ; jusqu’à devenir un des plus beaux exemples de baroque religieux : monuments, motifs sculpturaux, peintures, dorures, marbres, magnifiques mausolées…
La sacristie renferme de beaux tableaux : La flagellation du Christ par Stefano Pieri dans la Sacristie.
Avec la responsabilité de défendre le monde chrétien, l’Ordre fut rapidement organisé en une flotte navale forte et puissante. Il patrouillait dans l’est de la Méditerranée et luttait contre toute menace des pirates barbaresques et des forces ottomanes. Les chevaliers de l’Ordre étaient organisés selon les régions d’où ils venaient, appelées «langues». Les sept langues initiales étaient la Provence, la France, l’Auvergne, l’Italie, l’Aragon dont la Navarre, l’Angleterre dont l’Ecosse et l’Irlande, et l’Allemagne.
En 1492, lors de la formation du royaume de Castille, Léon et Portugal, une langue distincte fut créée qui constitua la huitième langue.
Chaque langue avait ses propres prieurés, bailliages et commanderies. L’Ordre était gouverné par son Grand Maître et le Conseil et frappait sa propre monnaie. Elle avait désormais adopté la croix à huit pointes qui est toujours le symbole par lequel elle est reconnue. On dit qu’il représente les huit langues et les huit béatitudes du Sermon sur la Montagne.
On visite d’abord les 4 chapelles côté gauche :
- La chapelle de la langue d’Allemagne ou chapelle de l’Épiphanie
- la chapelle de la langue d’Italie, dédiée à sainte Catherine, patronne de l’Italie où l’on trouve ces deux oeuvres :
- la chapelle de la langue de France, dédiée à saint Paul et redécorée au XIXe siècle avec deux monuments : 1er monument à Louis-Charles, comte de Beaujolais, prince du sang et frère cadet du roi Louis-Philippe, décédé à Malte en 1808
Monument réalisé par le sculpteur James Pradier (1756_1852).
- la chapelle de la langue de Provence dédiée à l’archange saint Michel
- la chapelle de la langue anglo-bavaroise encore appelée chapelle des reliques, dédiée à saint Charles Borromée :
- on admire le choeur avec l’autel en marbre polychrome de Lorenzo Gafa (1630_1710) avec le groupe en marbre blanc du Baptême du Christ au fond.
Puis on passe du côté droit de l’autel avec les 4 autres chapelles :
- la chapelle de Notre-Dame de Philermos ou chapelle du Saint-Sacrement :
On vénère dans cette chapelle une icône dont l’original aurait été peint par saint Luc. Aux alentours de l’an 1000, l’icône aux pouvoirs réputés miraculeux fut transportée de Jérusalem jusqu’à Rhodes afin d’être protégée de la destruction. Elle doit son nom au lieu où elle fut alors sauvegardée.
- la chapelle de la langue d’Auvergne, dédiée à saint Sébastien
- la chapelle de la langue de Castille, Léon et Portugal, dédiée à saint Jacques le Majeur
- la chapelle de la langue d’Aragon, dédiée à Saint Georges :
Puis on pénètre dans l’oratoire où les deux chefs d’oeuvre du Caravage nous attendent : La Décollation de St Jean Baptiste et le St Jérôme :Nous ressortons
Début XVIIe, on fit venir le peintre Mattia Preti d’Italie pour décorer la voûte : Preti représenta la vie de saint Jean-Baptiste, en 18 épisodes
Nous ressortons vers 13h30 après avoir passé plus de deux heures dans l’édifice qui est magnifique et, affamés, nous suivons les conseils du Routard en échouant dans un petit bar restaurant où nous dégustons le sandwich spécialité du patron dans une ambiance rétro et sympathique sur une petite table de bar : Le Museum café !
Après avoir arpenté la rue marchande à la recherche d’une glace, nous revisitons sous le soleil la place de Jean de La Valette … et l’Auberge de Castille avec les jardins attenant Upper Barakka Gardens d’où l’on a la vue sur les Trois Cités
Et nous quittons La Valette pour reprendre un bus qui fut une véritable galère : 1h 25 de trajet avec des arrêts incessants et des écoliers bruyants…