Jour 6 : Sassari, églises romanes du Logudoro

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Soleil et quelques nuages, vent marin encore assez fort. C’est dimanche, on démarre à 10h pour Sassari.
Fondée au Moyen-âge, quand la population de l’ancienne Turris Libisonis se réfugia graduellement dans l’arrière-pays, Sassari se dresse sur un plateau calcaire marqué par des vallées et des gorges et entouré de collines cultivées. C’est la seconde ville sarde pour sa population (128 mille habitants), le cœur d’une zone qui en accueille le double. Elle devint une Commune en 1294 avec la promulgation des Statuts de Sassari, qui représentent un corpus de lois fondamental de l’histoire de l’île. Au XIXe siècle, elle se développa au-delà des murs du XIVe siècle qui l’entouraient et étaient reliés par 36 tours. Aujourd’hui il en reste six.

Après une heure de trajet, on se gare dans un parking souterrain sur l’hémicycle Garibaldi face au Jardin public et on fait un petit tour assez rapide dans la ville : on débouche rapidement sur la Piazza d’Italia et le Palazzo della Provincia bien éclairé…

Palazzo della Provincia

En face se dresse le Palazzo Giordano où se déroule une démonstration de la Polizzia

Palazzo Giordano

Puis on enfile la Via Roma où l’on découvre le beau Palazzo Cugurra construit au 19e par de riches bourgeois avec l’extension de la ville… très baroque…

Au bout de la rue, on n’a pas voulu s’engager dans la visite du Musée National Sanna qui est archéologique et ethnographique…

Puis on est passé par le Palazzo Ducale pour aboutir à la Cathédrale

La Cathédrale San Nicola de Sassari date du XIIe siècle est l’église principale de la ville. Le clocher du XIIIe est surélevé et surmonté d’un petit dôme (1756). Pourtant, son origine est de style roman et pisan. 

Campanile du XIIIe

On est frappé par l’exubérante décoration de sa façade baroque du XVIIIe avec les statues de trois martyrs et celle de Dieu et de Saint-Nicolas. Sa structure est gothique.

En face, plus modeste est la Chiesa San Michele :

On retourne au parking et on cherche en vain des toilettes. On décide alors de partir de la ville pour manger et se soulager… On va voir les églises romanes du Logoduro qui sont à une vingtaine de kilomètres. Logoduro signifie « lieu d’or » car la campagne est très fertile et la région a été habitée depuis le néolithique et renferme nombre de sites Nuragiques. Elle devint plus tard le grenier à blé des romains !
Au cours du Moyen Age, la région bénéficia d’une certaine aisance comme en témoignent les églises champêtres de style romanico-pisan. Ce patrimoine est unique sur l’île. Un déclin progressif débuta avec la fin du judicat et après le passage sous le règne des Aragon. Le choix de Cagliari comme siège du gouverneur de l’île provoqua l’isolement administratif du Logudoro.

On commence par la plus renommée la Basilica di Santissima Trinita di Saccargia dont on découvre le campanile et la façade au détour de la route avec son alternance de bandes de pierre blanche (calcaire) à plus sombres (basalte) …

La façade est embellie par la présence d’arches et de décorations à motifs géométriques; un porche protège l’entrée principale.
Nous allons au sud de l’église, où les murs croulants entourent un grand espace herbeux; l’ancien cloître se tenait ici. 

Dans l’antiquité, selon une légende, à l’endroit où se trouve actuellement le sanctuaire, une vache s’agenouillait dans une attitude presque religieuse; ce geste a été interprété comme une reconnaissance du caractère sacré du lieu. C’était un message selon lequel, par la volonté de Dieu, un monastère aurait dû être fondé là-bas.
Le nom même de « Saccargia » dérive d’une distorsion dialectale du terme « s’acca arza »; ces mots signifient « vache tachetée ».
Il est difficile de dire à quel point cette légende est vraie… En tout cas, sous le porche de la façade nous trouvons la sculpture de quelques vaches.

Autre légende : le juge Constantine et son épouse Marcusa, après avoir eu une révélation sur les lieux, ont fait un don pour construire l’abbaye et l’ont consacrée à la Sainte Trinité, sous le pontificat du pape Pascal II;

On accède à l’église par la porte latérale, du côté sud; de là, par un passage étroit, nous atteignons la zone des absides.
Les intérieurs de la basilique sont tout à fait nus, à l’exception de la magnifique fresque qui orne l’abside principale; cette oeuvre décrit de nombreuses scènes évangéliques avec un style qui rappelle à bien des égards l’art byzantin. L’auteur de l’ouvrage n’est pas connu, pas plus que sa date exacte (probablement de la fin du douzième siècle).

Outre une belle statue en bois du XVe siècle, représentant la Vierge Marie, nous avons surtout le petit Retable de Saccargia qui est un tableau peint entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle par le Maestro di Castelsardo

Retable de Saccargia

Après cette visite splendide, on a fait route sur Ardara où on a admiré une autre église à l’extérieur austère mais aux proportions harmonieuses : Nostra Signora del Regno ;
Le clocher carré, actuellement incomplet est accolé au côté nord de l’ouvrage.


La chiesa Santa Maria del Regno a été édifiée à la fin du XIe siècle : perchée sur les pentes du Montesanto, elle se dresse près des ruines d’un palais royal, ancien siège des juges de Torres, qui prêtaient serment sur l’autel de l’église où ils furent enterrés. D’une haute colline, elle donne sur la plaine sous-jacente : une position isolée et dominante qui accroît le charme d’un bâtiment fait de blocs noirs de trachyte ‘ferreux’.

Les travaux furent achevés par des ouvriers de Pise en 1107, comme le montre l’épigraphe de consécration sur l’autel. Cette église en impose par ses proportions. Il faut dire qu’elle servait à l’époque pour le couronnement des rois.

Mais ici, plus que l’architecture extérieure, c’est l’intérieur qui fascine : harmonieuses proportions et trois nefs séparées par des colonnes doriques. Chacune possède sa fresque de saint…

On ne peut que succomber à la splendeur du retable, sûrement le plus beau de Sardaigne qui raconte des épisodes de la vie de Jésus. Mais je l’ai photographié à travers une paroi vitrée !

Enfin, nous reprenons la voiture pour nous diriger vers l’une des plus grandes églises romanes de l’île la Chiesa di Sant’Antonio di Bisarccio qui domine la plaine de Chilivani, à l’intérieur du territoire d’Ozieri.

L’ancienne cathédrale construite en pierre volcanique a dix mètres de haut et fut en partie détruite par un incendie aux alentours de 1090. Le Campanile a été décapité par la foudre…

Sur le plan artistique et architectural, la cathédrale de Bisarcio se présente comme l’union du travail des différents ouvriers qui y travaillèrent ; en effet, il existe des éléments liés au roman pisan, au roman lombard et aux ouvriers français d’ origine bourguignonne introduits en Sardaigne par les cisterciens

Son élégant porche d’inspiration française (à deux étages) et son intérieur très ample donnent une idée de sa splendeur passée …

Le porche est richement décoré…

Et l’on rentre avec notre super citroën !

en passant par des paysages magnifiques que nous avons traversés deux jours auparavant…

J’avais repéré ces sommets et en descendant de voiture, on a découvert le Lago di Casteldoria, lac artificiel. il y a des thermes d’ailleurs à Casteldoria …

Lago di Casteldoria

On a terminé la journée par une promenade vers la piscine de l’hôtel…

On va manger, l’hôtel s’est bien vidé, on mange à l’intérieur.